Jad Wio "Fleur de métal"

Jad Wio "Fleur de métal"

En 1992, Denis Bortek crée de toute pièce un personnage de beatnik de l’espace qui “cherche sa moitié cosmique” dans l’infini galactique : une fleur de métal. Fleur, métal… tiens, ça cloche un peu : une fleur, c’est tout doux, alors que le métal ça pique. Quoique les roses, c’est très joli mais ça pique.

Après un “Bienvenue” où le beatnik sidéral nous déclare chercher son égal, on part au bout de la galaxie à bord d’un vaisseau chauve-souris pour visiter en dix chansons parfaitement arrangées par Bertrand Burgalat, tout l’univers de Jad Wio. C’est sur des rythmes frénétiques que Bortek nous présente sa fleur, avant de s’endormir après avoir été piqué par elle (“Tsé tsé”).

Retour dans l’espace avec “Contact”, reprise du titre de Serge Gainsbourg (disparu l’année précédente et grand spécialiste des concept-albums), qui navigue dans des ambiances dignes de “Star Trek”.

Petite halte avec la ballade épurée “La plus belle créature” avant de repartir de plus belle dans des titres rock : “Le beatnik de l’espace”, la reprise de “S.O.S. Mesdemoiselles” de Ronnie Bird, un “Automate” disco-rock puis le “Cosmic bar” un peu breakbeat un peu yéyé digne des bédés de notre enfance.

Car cet album, qui se conclut par l’une des plus belles chansons produite en France depuis l’invention du disque (“Mystère”, à vous faire fondre les circuits imprimés sur le champ) est très imagé… On comprend que le beatnik de l’espace a enfin trouvé l’amour : “ce voyage à haut… risque d’être long” conclut-il.

Bien avant que Luc Besson se lance dans la réalisation du “Cinquième Elément”, la France a connu une oeuvre inspirée par “Blade Runner”. Ce concept-album formidablement produit eut même les honneurs d’un passage télé lors du “Taratata” d’Etienne Daho. Certains comme votre serviteur, 17 ans à l’époque, toujours en quête de la fleur de métal à déflorer, ne s’en sont jamais remis.

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Jean-Marc Grosdemouge

Jad Wio “Fleur de métal”, 1 CD (Squatt/Sony Music), 1992

Jean-Marc Grosdemouge