Sous les paillettes : les confidences de Lio et Corti

Sous les paillettes : les confidences de Lio et Corti

Leurs démélés respectifs (compagnon violent pour l’une, prison pour trafic présumé de drogue pour l’autre) ont alimenté les colonnes “faits divers” des journaux. La chanteuse et le DJ livrent chacun leurs états d’âme dans un livre.

Un soir, j’ai été présenté à Lio. Cela se passait au Queen. C’était dans ma vie d’avant, celle de la télé. J’étais avec un cameraman de M6 qui connaissait Helena Neguera (elle présentait alors “Plus vite que la musique” sur la chaîne), et les deux soeurs étaient là. Quand elle vous rencontre et vous sert la main, Lio dit “bonjour, Vanda”. Et dans “Pop model”, écrit avec la collaboration de Gilles Verlant, c’est bien Vanda, la femme, et non Lio, l’ex-icône lolita, qui parle. De sa rencontre avec Alain Chamfort (qui fait d’elle sa maîtresse sans qu’elle ait vraiment le temps de s’en rendre compte) au spectacle-hommage à Jacques Prévert qui l’a récemment remise en selle, on suit les aventures artistiques et sentimentales de Lio. Cette mère de six enfants n’a pas une vie amoureuse du genre long fleuve tranquille, loin s’en faut. Mais Lio a de la ressource : quand elle a des ennuis avec les impôts, elle se démène pour les règler, sans avoir à céder aux avances du ministre des Finances (son nom n’est pas cité) qui lui fait discrètement la cour, et quand le sort s’acharne sur elle, elle part en retraite dans la communauté religieuse de la Pierre qui Vire, en Bourgogne. Taclant parfois des célébrités (Manoeuvre, Collaro), Lio, qui n’a pas la langue dans sa poche (tant mieux) donne des conseils aux jeunes femmes qui pourraient tomber sur son bouquin. De quoi faire définitivement changer d’avis ceux qui ne voient en elle qu’une fille bien foutue qui chanta “Banana Split” il y a vingt ans.

Je n’ai jamais rencontré Corti. En revanche j’ai rencontré l’an passé un ami à lui, patron d’une très grosse boîte de nuit à Porto Vecchio. Pour le nommer, ce sympathique gaillard qui fait deux têtes de plus que moi a employé l’expression “ce fou de Corti”, ce qui est assez affectueux. “Fou”, c’est un peu ce qu’on se dit tous, depuis qu’on a découvert le méridional avec ses cornes de brume dans “Double Jeu” avec son ami Ardisson. Corti, qui dit avoir déjà mixé avec son sexe (info ou intox ?), qui a animé le mariage de Yves Mourousi (un grand raout nîmois sponsorisé par les marques d’alcool que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) et anime le blind test hebdomadaire de “Tout le Monde en parle”, flanqué de deux bimbos joliment sculptées. On a beau ne rien avoir de particulier contre Mossieur Philippeu Gordi (personnellement, il me permet souvent de briller en société le samedi soir, grâce au blind test, et d’étaler ainsi ma culture musicale. On ouvre ce livre avec quelque apréhension. Malgré le récit d’une enfance pas toujours drôle, on rit beaucoup au début. Je ne me suis jamais autant marré depuis “Podium” de Yann Moix, notamment lorsque Corti raconte sa première boum en Corse, et sa découverte de la sexualité. Mais le ton change quand les ennuis judidiciaires commencent pour le DJ, et l’on découvre que derrière le masque du fêtard se cache un père attentioné. Et un homme blessé.

Lio “Pop model”, J’ai Lu, 286 pages, 6,40 euros.

Philippe Corti “Autobiographie d’un DJ”, Editions Ramsay, 235 pages, 15 euros.

première publication : lundi 16 mai 2005

Jean-Marc Grosdemouge