Gonzales “Soft Power”

Gonzales “Soft Power”

Il est parfois bon de regarder l’infâme Fogiel. Pas trop souvent car la nausée vient vite quand on abuse du caca télévisuel, mais il faut reconnaître qu’entre deux sujets bien craspouettes, Marco a parfois de bons invités… Des gens un peu à part, dont l’animateur se fout comme de sa première vérole, mais qui -c’est les gens qui lui font ses fiches lui disent- sont au coeur de de l’actu culturelle.

Ce soir donc, Gonzales est en plateau, et l’on comprend ainsi pourquoi il arbore une cravate ces derniers temps : “depuis que je produis des gens, je suis rentré dans le système” explique-t-il. Chez lui, justifie-t-il, rien n’esr gratuit et il ne faut pas prendre les artefcats vestimentaires ou autres pour de la pure fantaisie… Ok, ça se tient : passer du roi de l’Underground berlinois signé sur Kitty Yo à producteur de Feist ou Katerine chez Universal, c’est vrai que ça relève du système… Reste qu’être signé sur un major ça a du bon… si on a du potentiel créatif et ça, notre Jason Beck, en a. Mélangeant toujours avec brio bon et mauvais goût, il n’a eu de cesse depuis qu’on le connait de brouiller les barrières des genres, de brûler sans cesse ses vaisseaux…

Cette fois-ci, il faut trouver dans le livret la clé de son disque : en publiant les résultats des Grammys de 1978 (trustés par les Bee Gees, Earth, Wind é Fire ou Donna Summer), Gonzales nous montre que sur “Soft Power”, son horloge biologique s’est arrêtée en cette année où notre président s’appelait Valéry. Et c’est à l’aune de ce “retour vers le futur” qu’il faut juger cette livraison : oubliez “Grace” et “Ok Computer” ils n’existent même pas dans l’esprit de leurs créateurs respectifs. A cette époque, Jeff Buckley et Thom Yorke jouent aux billes dans une cour de récré. On peut trouver facile la musique soul-pop de Gonzales, mais souvenez-vous toujours que la musique facile en apparence ne l’est pas forcément et que la musique facile a parfois bercé nos plus beaux moments, par la magie d’un transistor allumé… Voilà donc le “pouvoir de la douceur” : prouver que léger ne veut pas dire creux.

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Gonzales “Soft Power”, 1 CD (Mercury/Universal), 2008

première publication : mercredi 30 avril 2008

Jean-Marc Grosdemouge